536              MEMOIRES DE PIERRE DE LESTOILE.
tion des Seize et de l'Hespaguol, de la liberalité duquel il dependoit. Ce qui lui faisoit tenir ce langage : car il ressembloit en necessité à ce grand Epain inondas, qui estoit contraint se tenir au lit pour raccoustrer ses chausses.
Le mardi a3 de ce mois, un pauvre couvreur chargé d'une femme grosse et trois petits enfans, travaillant à Paris sur le notaire Bontemps, prés Saint-André; sa besongné estant achevée, et voulant seulement bailler une truellée ou deux de plastre à un trou, tumba du haut de son eschelle, qui estoit mal appuyée, sur le pavé; et rencontrant une pierre de taille, s'escraza toute la cervelle, qui lui sortit par les aureilles, et l'envoia en l'autre monde.
Le dimanche 28, premier de l'Àdvent, le curé de la Madeleine prescha un billet qui lui avoit esté envoié de M. le légat, qui portoit que le duc de Nevers avoit esté receu à Romme comme prince de Mantoue, mais non comme ambassadeur du Bearnois, duquel le Pape ne vouloit ouir parler en façon que ce fust : tant s'en faloit qu'il songeast de le recevoir, comme quelques meschans politiques faisoient courir; et que de ce qu'il leur en disoit, il avoit eu charge de M. le légat de leur faire entendre, comme en estant la nouvelle tres ve­ritable. Les curés Saint-Sevrin et Saint-Germain pres-cherent ce jour le mesme billet, avec celui de Saint André, qui adjousta que Sa Sainteté estoit tellement résolue' de ne point le recevoir, que, pour lui faire la guerre et l'exterminer, elle s'estoit résolue d'y emploier jusques au dernier denier du tresor de saint Pierre. Deux ou trois autres curés prescherent le mesme; mais tout le 'reste des curés et prédicateurs de Paris refii-
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